(L'installation se compose de deux projecteurs vidéo, un ordinateur Macintosh G4, un logiciel
Dés chiffrés, un lecteur de disque laser, une tablette électronique et un stylo, un système de son, un bureau, une chaise; dimensions variables.)
La fondation Daniel Langlois, en collaboration avec la Cinémathèque québécoise, présente
Dés chiffrés, une œuvre interactive de l'artiste américain Bill Seaman.
Dés chiffrés rend hommage à
Un coup de dés jamais n'abolira le hasard, de Stéphane Mallarmé. Selon Peter Weibel, le poème de Mallarmé représente « un premier exemple d'une structure en réseau, de combinaisons aléatoires, de choix multiples [...]. »
(1) Puisant dans les forces toujours vives de cet événement poétique de la modernité, l'artiste a orchestré un agencement d'éléments qui invite l'utilisateur à jongler avec les mots, les images et la musique.
Comment le sens se produit-il? Par le truchement de ses œuvres, l'artiste tente, non pas de répondre à cette question, mais plutôt de déployer la problématique du sens. Or le sens ne saurait se réduire au langage. D'autres formes de sens existent, avec leur propre champ sémantique. En assemblant différentes formes d'expression en une « poétique recombinante »
(2), Seaman fait appel à notre mémoire, à notre imagination et à nos perceptions afin de tisser notre propre réseau de sens. Car non seulement le rôle actif joué par le participant est nécessaire à l'émergence du sens et revêt un aspect performatif, mais il interroge également, de façon critique, la notion d'auteur. À l'instar de ses prédécesseurs en art conceptuel, l'artiste s'efface devant son œuvre, faisant la part belle au
navigateur.
Navigation, naviguer : ces mots, déjà présents dans le poème de Mallarmé, évoquent le déplacement, l'absence de fixité, le mouvement donc, et manifestent, si on les applique à la question du sens, le désir de l'artiste d'offrir une œuvre ouverte, riche en suggestions. En perpétuel
devenir. La navigation comme nouvelle ontologie?