Lynn Hershman, Room of One's Own, 1990-1993.
Dispositif interactif, vue intérieure, ameublement miniature, écran, moniteur.
Gracieuseté de l'artiste.
Lynn Hershman, Room of One's Own, 1990-1993.
Image tirée de l'oeuvre.
Gracieuseté de l'artiste.
Lynn Hershman, Room of One's Own, 1990-1993.
Dispositif interactif, vue du socle supérieur. Exposition e-art : Nouvelles technologies et art contemporain, Musée des beaux-arts de Montréal, 2007.
Gracieuseté de l'artiste.
Room of One's Own, dont le titre fait référence de façon évidente au livre de Virginia Woolf, se présente comme un « peep-show ». Le spectateur regarde par une petite lucarne à l'intérieur de la boîte où il voit un lit, une chaise, un téléphone, des vêtements sur le sol et un téléviseur. Au sol, devant le piédestal, se trouve un tapis et dès qu'un spectateur y pose les pieds, la pièce s'active. Une femme apparaît sur l'écran au fond de la petite chambre et demande : « Que faites-vous ici? Voudriez-vous, s'il vous plaît, regarder ailleurs! » Par la suite, selon l'objet que le spectateur regarde dans la pièce, différents segments du vidéodisque apparaîtront sur le mur du fond (il y a 17 segments au total). Dans tous les cas, on assigne au spectateur un rôle de voyeur et son voyeurisme sera déjoué de diverses manières. En dernier lieu, son propre regard lui est renvoyé sur le petit téléviseur dans le fond de la chambre.
Lynn Hershman a écrit à propos de cette œuvre :
« En 1888, peu de temps après avoir amélioré un fusil en substituant le film aux balles, Etienne Jules Marey fait la connaissance de Thomas Alva Edison. Un an plus tard, le kinétoscope est inventé. Ce dispositif, un amalgame des techniques phonographique et photographique, a été conçu afin qu'un unique spectateur puisse jeter un coup d'œil à travers une petite fente pour voir des films en boucle (...). Connu sous le nom de "peep-show", les spectateurs prenaient un plaisir de voyeur à observer de séduisantes images de femmes. Le fusil/caméra entretient depuis toujours une étroite relation non seulement avec l'art cinématographique et l'érotisation de l'image de la femme en photographie, mais également avec la pornographie. (...) On enseigne aux femmes à susciter le regard. Dans la société contemporaine, cet apprentissage se traduit comme une manifestation du désir. Toutefois, ce regard réifiant provoque des idées de possession et de consommation. En associant le fusil à la caméra avec un dénominateur commun - presser la gâchette ou le déclencheur, - la représentation des femmes est littéralement liée aux armes meurtrières. Si le cinéma est une technologie sociale, les femmes se trouvent alors en situation de captivité car, en tant que sujet et victime, cette technique leurs assigne des identités préétablies. Leur attitude soumise participe à la construction de fantasmes, et se met en scène de façon obscène. Je pensais à ces idées pendant la conception de
Une chambre à soi. On peut donc envisager ces idées comme les assises de l'œuvre. »
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