Lizzie Muller

Vers une histoire orale des arts médiatiques

Introduction

Les arts médiatiques représentent un défi pour les pratiques actuelles d’archivage et de documentation. Dans cet article, je défends l’idée que la documentation des expériences vécues par les spectateurs est à la fois l’un des plus grands défis et l’une des nouvelles directions les plus prometteuses dans ce domaine. Parce que les œuvres en nouveaux médias sont fondées sur l’interaction, sur des systèmes informatiques, et sur des procédés génératifs, l’expérience vécue par les spectateurs y tient souvent lieu de contenu, de décor, et de moteur. Dans les comptes rendus critiques traitant des œuvres en nouveaux médias, on ne manque pas de souligner le rôle des participants, mais la description de leur expérience, telle qu’elle a été vécue et dans leurs propres mots, figure rarement dans ces documents. Il pourrait s’avérer fort utile de recourir à l’histoire orale pour combler ce manque, car cette discipline tient compte de la portée et de la valeur historique des témoignages en direct d’expériences vécues tout en offrant une panoplie de conseils pratiques pour la création et la gestion de telles ressources. L’idée d’une histoire orale des arts médiatiques telle que présentée dans cet article se veut un cadre de travail permettant d’aborder les problématiques relatives à la documentation des expériences vécues par le public. Elle offre aussi un point de vue concret sur le potentiel que représente cette piste de travail.

Le travail présenté dans cet article a d’abord fait l’objet d’une résidence de recherche à la fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie en 2007. Ces idées ont été développées dans le cadre d’une tentative de documentation des expériences vécues par les spectateurs de l’œuvre The Giver of Names, de David Rokeby, présentée durant l’exposition e-art : Nouvelles technologies et art contemporain au Musée des beaux-arts de Montréal en 2007. J’ai mené cette étude de cas en collaboration avec Caitlin Jones (1), dont les travaux reposent sur les outils et techniques créés par le Réseau des médias variables (2). Ensemble, nous avons créé une collection documentaire portant sur The Giver of Names afin de réunir les aspects conceptuel, technique et expérientiel de l’œuvre. Ces documents sont disponibles sur ce site, et le lecteur pourra y recourir en guise d’accompagnement au présent article.

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(1) Voir « Tendances actuelles de l’art (de la documentation) » par Caitlin Jones (2008).

(2) Pour en savoir davantage sur l’approche du Réseau des médias variables, voir Depocas et al (2003).

Cet essai est aussi disponible sous la forme d'un fichier PDF imprimable :
https://www.fondation-langlois.org/pdf/f/une-histoire-orale.pdf