Conclusion
Ma vision d’une histoire orale des arts médiatiques fait que je considère mon propre travail dans ce domaine comme un simple apport à une mine de documents produits par de nombreux chercheurs à travers le monde. Le travail accompli lors de l’étude sur
The Giver of Names démontre qu’il est possible et fructueux de produire ce genre de documentation, mais qu’il s’agit d’une entreprise ardue et qui prend beaucoup de temps. Pour qu’une histoire orale ait un impact significatif sur la façon dont les arts médiatiques sont perçus actuellement et le seront dans l’avenir, elle doit permettre de rassembler les efforts des nombreux chercheurs et institutions qui sont intéressés par les expériences du public et d’exhorter les autres à commencer à intégrer ce genre d’exercice dans leur approche documentaire. Le fait qu’il soit de plus en plus facile de télécharger des contenus vidéo par le biais de l’internet rend cette perspective d’ensemble non seulement souhaitable, mais réalisable.
Les questions et considérations soulevées dans cet article démontrent que pour réaliser une telle entreprise, il faudra trouver un équilibre délicat entre ouverture et flexibilité d’une part, et rigueur et structure de l’autre. Il faudra également que les personnes œuvrant à ce projet fassent preuve d’ouverture face aux différentes techniques, approches et format de documents expérientiels produit par les chercheurs. Cette ouverture ne sera possible que si le travail des chercheurs en question est basé sur la rigueur, la réflexion et la fiabilité, et si le système d’organisation et de catalogage utilisé est clair et consistant. Pour ce qui est de la collecte et de la préservation des documents, il faudra aussi que les critères établis couvrent un large éventail, soit :
- Un contenu intéressant et de bonne qualité;
- Des documents bien réalisés;
- Des documents sérieux sur le plan éthique et légal;
- Des documents valides, produits à l’aide de méthodes censées et fiables;
- Des documents intelligibles, accompagnés d’informations contextuelles détaillées.
L’étude que j’ai menée sur
The Giver of Names a démontré qu’il est possible de répondre à tous ces critères dans le contexte d’un projet individuel, et que le défi plus large qui consisterait à déposer et diffuser de tels matériaux sur l’internet serait de pouvoir répondre à ces critères pour différents types de cas. On réussirait ainsi à combler le manque qui prévaut actuellement dans notre façon de récolter les témoignages du public. Une telle ressource permettrait d’assurer l’existence future des œuvres d’art qui sont produites aujourd’hui et de rééquilibrer la documentation de l’histoire de l’art de manière à tenir compte de la réalité — pas seulement de la théorie — du rôle actif que joue le public dans l’existence des arts médiatiques.