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Marc Fournel

(Montréal, Québec, Canada)

Marc Fournel, Parole, geste, 4 minutes de silence, 1995 (video)
Marc Fournel, Parole, geste, 4 minutes de silence, 1995 (video)
Marc Fournel, L'acquis et sa meurtrière , 1997 (video)
Marc Fournel, L'acquis et sa meurtrière , 1997 (video)
Marc Fournel, Le Puits, 1999-2000 (video)
Marc Fournel, Le Puits, 1999-2000 (video)
Marc Fournel œuvre dans le domaine des arts médiatiques depuis 1995. Il a d’abord réalisé des vidéos et des installations vidéo avant de se tourner vers des projets interactifs. Fournel s’est aussi activement impliqué dans la programmation, la coordination et la diffusion des arts médiatiques, notamment au centre d’artistes Daïmon (Gatineau, Canada). Il a dirigé le PARC, laboratoire interactif destiné à la recherche et à la création d’œuvres en nouveaux médias associé au Vidéographe (Montréal, Canada), centre de production et de diffusion de la vidéo.

Dans son travail avec la vidéo – monobande ou intégrée à des installations – Fournel a exploré différents aspects du médium, notamment ses possibilités narratives et son caractère temporel. Ses œuvres misent sur une trame narrative imprécise, fort poétique, faite de passages entre des univers distincts qui s’enchaînent et glissent les uns dans les autres dans un processus qui transforme leur identité. Le texte, souvent intégré comme motif, matière, espace de signification plutôt que porteur de la narration, y occupe d’ailleurs une place importante, notamment dans Parole, geste, 4 minutes de silence (1995) et Le Puits (1999-2000).

Plusieurs vidéos, telles que celles réalisées pour L’acquis et sa meurtrière (1997) ou Précipice (2002), traitent de l’intégrité du corps et de l’individu. Le corps y est examiné dans un espace où il est confiné, comme dissocié de l’être et en même temps porteur de celui-ci dans son parcours temporel et spatial, dans un temps et un espace relatifs, indéfinis. Parmi les images qui prédominent, la forme du cercle revient dans plusieurs œuvres, comme un œil ou une loupe sur le corps en mouvement ou tout autre motif. Or, le cercle est une figure primitive hors du temps, il échappe à la ligne droite, à la linéarité, et s’oppose par extension à la continuité temporelle contrariant en cela, le caractère temporel du médium. La rondeur réfère aussi au centre, comme une cible; elle vise l’essence des choses. L’eau, un autre motif fréquent dans ce travail, évoque pour sa part le milieu utérin, la constitution même du corps humain ou l’immensité dans laquelle l’individu peut se perdre et se dissoudre. En cela, il s’accorde avec la fluidité de la matière vidéographique. Ces symboles et figures récurrents, de même que plusieurs autres, finement intégrés, remettent en question l’essence du médium en créant des correspondances et des oppositions avec celui-ci. Ils ont aussi un impact très puissant sur l’imaginaire et contribuent fortement à réaliser une expérience complexe et déroutante.

Dans ses installations, Fournel a utilisé différents objets, surfaces et espaces qui influent sur l’expérience de la vidéo et extraient le spectateur de sa position passive. L’artiste transforme le lieu d’exposition en espace symbolique, dans lequel le déplacement du visiteur et son rapport aux objets inscrits dans l’espace définissent son expérience perceptive sur les plans visuel, auditif et kinesthésique. Les surfaces de projection ou d’expérimentation sont investies de sens et modifient grandement le rapport à l’image. Miroirs, surfaces concaves ou translucides, elles agissent comme écran déformant et « informant », à la fois révélateur, inquisiteur et transformateur.

La dimension sonore de l’œuvre est également exploitée de façon à appuyer la trame narrative et à définir l’expérience spatiale, à envahir l’espace. Le son contribue à créer des liens entre les éléments présentés, quitte à les défaire par la suite, pour s’inscrire fortement dans l’imaginaire du spectateur. Il agit comme matière pénétrante, traversant les êtres et les choses, l’espace et le temps. De plus, il concourt à produire une expérience immersive.

Dans Le Puits (1999-2000), sa première installation interactive, Fournel propose un environnement sonore modifié par la présence et le déplacement des spectateurs. En s’approchant d’un objet cylindrique et profond au milieu de l’espace, évoquant un puits, les visiteurs déclenchent des sons distribués grâce à plusieurs haut-parleurs permettant leur spatialisation. Ces sons interfèrent avec ceux de la bande sonore de la vidéo projetée au-dessus et à l’intérieur du puits. Ainsi les visiteurs contribuent-ils à créer un espace sonore en apportant une nouvelle dimension à l’œuvre. Cette installation a été présentée lors du Mois Multi à Québec en 2001 après avoir été réalisée dans le cadre d'une résidence à la Bande Vidéo (Québec, Canada), lieu de production et de diffusion de la vidéo, et au centre Avatar (Québec, Canada), voué à la création et à la diffusion de l’art sonore.

Fournel a aussi conçu des composantes vidéo pour des œuvres théâtrales, notamment pour le Centre national des arts d’Ottawa. Il a également participé à la création de Précipice (2002), œuvre collective créée lors d’une résidence au Théâtre La Chapelle, centre de diffusion de spectacles et organisme de promotion des arts de la scène. Au cours de cette résidence, il a travaillé en collaboration avec Jean-François Laporte, artiste œuvrant dans le domaine de la création sonore, et Richard Simas, auteur et directeur artistique du centre. Ce projet s’accorde avec la nature de plus en plus multidisciplinaire de sa pratique et fait preuve d’une volonté de création collective.

Marc Fournel a été l’initiateur et le premier directeur du PARC, un laboratoire interactif voué à la recherche et à la création d’œuvres utilisant les médias interactifs, associé au Vidéographe, Montréal (Canada).

Depuis 2004, Marc Fournel se consacre exclusivement à ses recherches et productions artistiques. En 2003, il amorce son projet Transduction, un vaste projet de recherche et de production portant sur le développement de nouveaux systèmes de positionnement spatial, la création d’algorithmes sonores évolutifs et la mise en place d’environnement interactif à l’intérieur de systèmes culturels.

Marc Fournel est membre fondateur du collectif Vitamin Beziehungen (un collectif de chercheurs et de créateurs dont l’objet principal est la systémique et ses applications artistiques) et chercheur associé du LMI (Laboratoire des Médias Interactifs du département des communications de l'Université du Québec à Montréal).

Jacques Perron © 2006 FDL