Veuillez patienter pendant que nous traitons votre requête
Veuillez patienter...

radioqualia

(Londres, Angleterre, Royaume-Uni)

Honor Harger à l'intérieur du Ventspils International Radio Astronomy Centre, Irbene, Lettonie
Entretien avec Honor Harger, Riga, juillet 2004, 1ère partie  (audio)
Entretien avec Honor Harger, Riga, juillet 2004, 1ère partie  (audio)
Entretien avec Honor Harger, Riga, juillet 2004, 2ème partie (audio)
Entretien avec Honor Harger, Riga, juillet 2004, 2ème partie (audio)
Établi en 1998 en Australie, radioqualia est un collectif d’artistes cofondé par Honor Harger et Adam Hyde, tous deux originaires de la Nouvelle-Zélande. Collectif à la structure souple et mobile, radioqualia s’associe selon la nature de ses projets avec des artistes, des scientifiques et diverses organisations, principalement en vue de différentes formes de collaboration artistique en ligne. Il explore le concept de diffusion en utilisant l’Internet, la radio et la télévision, faisant également appel à la performance, à la publication et à l’exposition en galerie pour rendre compte de ses travaux.

Honor Harger s’intéresse particulièrement aux utilisations artistiques des nouvelles technologies. Outre sa pratique artistique, elle agit également à titre de commissaire pour différents projets d’expositions : The Physics Room en Nouvelle-Zélande, le HDLU à Zagreb en Croatie et à la Queens Gallery du British Council à New Delhi en Inde. Co-commissaire pour Communication Front 2000 à Plovdiv, en Bulgarie, elle a contribué à l’organisation de Net Congestion: the International Festival of Streaming Media, événement tenu à Amsterdam en octobre 2000. En 2000, elle s’est jointe à l’équipe de la Tate Modern, à Londres, en tant que commissaire du site Web, où elle a également produit des événements et des concerts pour le département d’interprétation et d’éducation.

Musicien et artiste, Adam Hyde s’intéresse à la convergence de la diffusion et des technologies relevant de l’Internet. En Nouvelle-Zélande, il travaillait à la radio et à la télévision où il a fondé Static Television, la première station de télévision communautaire du pays. Résidant à Amsterdam de 1999 à 2003, il a fondé en collaboration HelpB92 et Open Channels for Kosovo, pour venir en aide aux médias indépendants de l’ex-Yougoslavie. Instigateur de Net Congestion, il a cofondé l'Open Source Streaming Alliance, une initiative qui a permis d’établir plusieurs serveurs en émission continue à des fins d’utilisation artistique et culturelle. Sous le pseudonyme « eset », il travaille comme musicien et comme artiste dont la pratique repose sur la conception de logiciels. À ce titre, il a conçu et fabriqué plusieurs applications comme the Theory Machine et the Frequency Clock.

De tous les projets à l’actif du collectif, deux projets entretiennent une étroite relation avec Radio Astronomy, celui que subventionne la fondation. Il s’agit du Acoustic Space Lab et d’une résidence au Makrolab en Écosse en juillet 2002.

Le terme « net.radio », contemporain de celui de « net.art », fait son apparition à la suite des activités de Xchange, un réseau de musiciens, de DJ et d’artistes sonores. (1) Initié par e-Lab, un collectif d’artistes œuvrant en arts médiatiques basé en Lettonie, Xchange prend vie comme site Web et liste d’envois documentant le nombre grandissant de groupes d’artistes qui expérimentent avec la radio en ligne. Les stratégies utilisées par Xchange ne sont pas sans précédent. Déjà dans les années 1960 et 1970, Experiment in Art and Technologies (E.A.T) (2) organise d’importants projets artistiques en télécommunications utilisant télex et transmission par satellite. Par exemple, dans le cadre du Anand Project (1969-1971), en Inde, E.A.T. coordonne le Site Television Satellite, un programme de diffusion par satellite des émissions réalisées en Inde; avec le projet Telex: Q&A (1969-1971), E.A.T. met sur pied un système de télécommunication par téléscripteurs liant les villes de New York, Stockholm, Ahmedabad (Inde) et Tokyo. Mentionnons également The World in 24 Hours, le projet phare conçu et organisé par Robert Adrian X lors du festival Ars Electronica en 1982. Des artistes répartis dans 16 villes sur trois continents étaient en contact pendant 24 heures. Selon Adrian X, « L’intention de The World in 24 Hours était de suivre le soleil à son zénith autour de la planète – créant ainsi une sorte de carte télématique du monde ». (3) À midi donc, « À l’aide de 3 lignes téléphoniques disponibles à Linz, on avait la possibilité de recevoir et d’émettre les messages de trois médias. (…) Les médias dont on disposait étaient la télévision à balayage lent, le téléfac-similé, le système en temps partagé par ordinateur ou tout simplement la transmission de sons ». (4) Avec ce projet, et dans l’esprit de l’art conceptuel, le but n’était pas de créer des œuvres d’art, mais plutôt de construire des relations médiatisées particulières parmi les participants et de produire des événements de communication. Tout comme pour Radio Astronomy, l’œuvre d’art est le projet lui-même et non les interventions ou les objets proposés par les participants.

Soutenu par la fondation en 2001, et initié par le RIXC, the Center for New Media Culture, à Riga en Lettonie, le projet Acoustic Space Research Lab and Program  (5) consistait à mettre sur pied un programme de recherche sur l’espace acoustique. Le projet repose sur une coopération à long terme entre différents groupes d’artistes internationaux et d’individus issus du réseau Xchange. Un colloque tenu du 4 au 12 août 2001 à Irbene, en Lettonie, réunissait un groupe de 30 artistes sonores, des activistes et des scientifiques. Ceux-ci ont eu l’occasion de travailler avec un radiotélescope à réflecteur de 32 mètres abandonné par l’armée soviétique en 1994 et réparé par les radioastronomes du Ventspils International Radio Astronomy Center (VIRAC). Les participants ont procédé à l’enregistrement de sons et de données provenant de l’observation des planètes, des satellites de communication et de l’environnement immédiat. Ils ont également engagé une réflexion portant sur différents modes de collaboration dans le but d’utiliser les outils de communication audio afin d’élargir le sens et le potentiel du net.radio. La documentation du projet sur le site Web de radioqualia offre, outre des images de l’antenne, des fichiers électroniques des sons captés pendant le colloque ainsi que des commentaires (6) des participants. (7)

L’organisme slovène sans but lucratif Zavod Projekt Atol, fondé en 1992 et dirigé par Marko Peljhan, est à l’origine du projet Makrolab (1994). Ses activités vont de la production artistique à la recherche scientifique. Makrolab est une structure habitable autonome, conçue pour favoriser l’intégration de la recherche artistique et scientifique grâce aux technologies de communications, et capable d’accueillir quatre personnes pendant 120 jours dans des conditions d’isolement. De mai à juillet 2002, à la suite de l’invitation d’Atholl Estates, Marko Peljhan et son équipe d’artistes et de scientifiques ont installé le Makrolab sur les montagnes au-dessus de Blair Atholl, en Écosse. On se demande, à voir les images documentant le projet, comment cet habitacle étrange a bien pu se poser dans ce paysage magnifique, et pourquoi? Selon Kodwo Eshun (8), le projet répond à deux impératifs : pendant son séjour de deux semaines au Makrolab, l’équipe a pour responsabilité d’effectuer de la recherche et d’élaborer des projets spécifiques; l’équipe doit aussi générer une conscience de groupe pendant sa visite. L’objectif du Makrolab est de mener des expériences dans quatre champs d’activité : les télécommunications, les systèmes climatiques, l’environnement et les réseaux de migration. (9) Lors de son séjour, radioqualia a construit un transmetteur et lancé la première station radio FM du Makrolab. Cette station pouvait diffuser dans un rayon d’un demi-kilomètre. Makrolab106FM a diffusé du 18 au 28 juillet 2002. La première transmission était une œuvre audio de radioqualia. Par la suite, la station a diffusé du matériel sonore capté par Internet, de la musique provenant des stations de net.radio associées au réseau Xchange et de la musique issue des collections de CD des membres de l’équipe. Cette résidence a permis d’établir la base du projet Radio Astronomy : en plus d’entrer en contact avec des radioastronomes et des institutions, radioqualia a commencé l’observation des objets dans la galaxie. Le collectif a, entre autres, procédé à l’écoute, et enregistré, les tempêtes radio de la planète Jupiter. (10)

Jacques Perron © 2003 FDL

(1) Pour plus d’information sur l’historique du mouvement, consulter le texte de Harger et Hyde, pitch shifting, (référence du 3 février 2004) : http://web.archive.org/web/20040105011530/mi.cz/obl/intext/hargarhyde.htm

(2) Voir notre page sur E.A.T.

(3) Adrian X, Robert. Electronic Space, novembre 2001 (traduction du rédacteur), (référence du 3 février 2004) : http://alien.mur.at/rax/texts/ra-eraum-e.html

(4) Adrian X, Robert. Art Telecommunication, Vancouver, Western Front et Vienne, BLIX, 1984. p. 87.

(5) Voir la page sur le RIXC, the Center for New Media Culture.

(6) Pour accéder aux fichiers sonores et aux commentaires, voir http://radioqualia.va.com.au/documentation/spacelab/

(7) Pour en savoir plus long sur le projet, consulter http://acoustic.space.re-lab.net/

(8) Eshun, Kodwo. « Makrolab’s Twin Imperatives and Their Children Too », Makrolab, sous la direction de Rob Le Frenais, Gillean Dickie et Paul Khera, The Arts Catalyst et Zavod Projekt Atol en association avec Tramway, 2003. p. 6. (Disponible au CR+D de la fondation).

(9) Consulter l’excellente publication consacrée au projet en Écosse, Makrolab, sous la direction de Rob Le Frenais, Gillean Dickie et Paul Khera; The Arts Catalyst et Zavod Projekt Atol en association avec Tramway, 2003. (Disponible au CR+D de la fondation).

(10) Lire radioqualia, « Waveforms and Transmission (Making Radio) », ibid. p. 25.