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Woody Vasulka

Vocabulary, 1973

Woody Vasulka, Vocabulary, 1973 (version intégrale) (video)
Woody Vasulka, Vocabulary, 1973 (version intégrale) (video)
Dans Vocabulary, Woody utilise le Multikeyer, le Scan Processor, et le Dual Colorizer  (1) pour disposer deux « objets » tridimensionnels dans une nouvelle relation spatiale l'un avec l'autre au moment où leurs formes sont traitées. Woody place sa main devant une sphère et grâce à la substitution d’une valeur de luminance par une autre, ainsi que la modulation de certaines régions de l’affichage bidimensionnel d’une forme tridimensionnelle, les deux motifs donnent l’illusion de perdre leur forme. Des régions plus brillantes semblent se déployer dans le champ de « l’image », telles des flèches. La rétroaction du Dual Colorizer est employée pour générer un autre type d’affichage des données électroniques où se déploie un mode inédit de hiérarchie spatiale, qui défait la relation spatiale « réelle » entre les deux « objets ». L’incrusteur est utilisé pour retrancher des régions d’un certain degré de luminance, remplacées par une autre cartographie de bruit électronique. Dans ce vidéogramme, le Scan Processor sert à manipuler la trame, provoquant ce mouvement vers l’avant de l’image, mais il fonctionne également à la manière d’un incrusteur, car il peut moduler à la fois les parties sombres et claires de l’image électronique (normalement, le Scan Processor ne module que les parties claires). Cette texture formée d’un ensemble de lignes triangulaires est le fruit de la rétroaction dans les composants internes des dispositifs (qui s’oppose à la rétroaction optique). Ce type de rétroaction produit un délai ayant pour résultat cet effet texturé. Il s’agit d’une opération électronique où le signal lui-même est réacheminé dans le circuit, se distinguant ainsi de la rétroaction optique (comme dans Orbital Obsessions) où la caméra est dirigée vers un moniteur.

Conceptuellement, Vocabulary expose le jeu combiné des procédés d’incrustation et de rétroaction. Ainsi, au moment où la substitution d’une valeur de luminance pour une autre valeur expose l’incohérence de la « surface » électronique, la rétroaction dans les composants internes des dispositifs brouille et fusionne les motifs autrement distincts de la main et de la sphère. Lorsque les deux motifs sont exposés à un procédé de traitement de signal et à de l’incrustation, le surgissement du « matériau électronique brut » dans certaines régions de la sphère et de la main génère un désordre du positionnement des objets. Le motif dévié de la main est multiplié grâce à un temps de rétroaction étendu, au cours duquel sa présentation comme objet visuel se dégage de la matérialité et du défilement de son mouvement, se réinscrivant ainsi selon d’autres paramètres spatiaux. Il devient clair qu’une image d’une partie du corps se métamorphose en objet spatial, au même titre que la sphère, traitée ici selon un procédé identique, car le champ visuel dans son ensemble subit les effets d’une opération de rétroaction dans les composants internes du dispositif. Non seulement la présentation de ces objets fait-elle passer le procédé de visualisation du réalisme à une forme de rendu artificiel, mais en plus, par un affichage particulier, la fusion de parties d’objets entre eux crée une situation physiquement impossible.

Yvonne Spielmann © 2004 FDL

(1) « Un coloriseur est un instrument qui permet l’ajout de couleurs électroniques « artificielles » à une image en noir et blanc. Par le truchement de circuits internes, un signal de chrominance, ou un signal de la sous-porteuse contenant des données d’encodage pour la couleur, est généré de façon électronique et intégré au signal de luminance monochrome. L’utilisateur peut sélectionner des couleurs séparées (encodées dans le signal), ainsi que la zone de l’image monochrome où chaque couleur sera incrustée. Par exemple, il peut décider que des plages bleues se substitueront à toutes les zones à basse luminance – de gris foncé à noir – tandis que les zones blanches (les valeurs élevées de luminance) seront oranges. Par comparaison avec les techniques de colorisation vidéo mis en œuvre par d’autres artistes, l’utilisation du Dual Colorizer d’Éric Siegel par les Vasulka est très réglée et, en conséquence, beaucoup plus nuancée. » Minkowsky, John, « Five tapes—Woody and Steina Vasulka » in Program notes : The moving image state-wide: 13 tapes by 8 videomakers, Buffalo, Media Study/Buffalo, p.[3].