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Caroline Langill, Changements de polarités

Œuvres exemplaires de l’art électronique
produit au Canada entre 1970 et 1991

Caroline Langill, Changements de polarités : Sélection d'œuvres
La notion de canon en arts visuels fait toujours l’objet d’une résistance de la part des artistes qui en ont été exclus. Il s’agit là d’un phénomène fluctuant, contestable, et inévitable. Je souhaite ici retracer l’histoire des arts médiatiques au Canada par le biais d’une série d’œuvres fondatrices créées par des artistes travaillant à la frontière de l’art, de la science et de la technologie. Il s’avère en effet que l’apport des artistes canadiens à l’évolution de cette discipline n’a pas été reconnu par les historiens, conservateurs et collectionneurs d’art. Sans prétendre présenter ici un corpus exhaustif, je dirai que les œuvres choisies ont grandement participé au fait que les artistes canadiens ont été reconnus comme des pionniers dans le domaine des arts médiatiques. Puisque la nature même de l’art électronique est d’aller à l’encontre des critères établis et des institutions, on pourrait se demander: « À quoi bon établir des canons pour essayer de définir l’art électronique? » Mais si les canons sont inévitables et définis par le réseau officiels des chercheurs universitaires, commissaires d’expositions et collectionneurs de musées, et si personne ne cherche à retracer l’histoire de ceux qui en ont été exclus, alors les praticiens de l’art électronique risquent de connaître le même sort que celui d’autres exclus tels que les femmes artistes, par exemple.

Ne bénéficiant pas d’une bourse d’études ni d’une méthodologie établie, je me suis basée sur les critères suivants pour sélectionner une série d’œuvres électroniques qui me semblaient exemplaires et mériter la reconnaissance qu’on accorde habituellement aux œuvres conformes aux canons de l’art: i) être reconnues comme ayant créé un précédent dans le domaine des arts médiatiques/numériques/interactifs/électroniques; ii) avoir été présentées dans le cadre d’expositions ayant créé un précédent dans ce domaine; iii) être reconnues pour avoir transformé la relation entre le public et l’œuvre d’art par le biais de procédés interactifs; iv) se présenter à la fois comme des œuvres d’art et des outils permettant aux artistes de continuer à progresser dans le domaine des nouveaux médias.

De façon générale, ces œuvres peuvent être qualifiées de révolutionnaires, car elles ont agi comme précurseurs dans le domaine effervescent des nouveaux médias. Par le biais des outils, écrits, textes théoriques et expositions qu’ils ont produits, les praticiens de l’art électronique au Canada ont développé une communauté médiatique reconnue à travers le monde. Les chercheurs qui s’intéressent à l’évolution des arts médiatiques ont noté que le fait de recourir à la technologie et aux sciences, particulièrement l’informatique, est l’une des raisons pour lesquelles les artistes médiatiques ne figurent pas dans les écrits officiels en histoire de l’art. (1) Ces artistes ont néanmoins persisté à explorer l’art électronique par le biais de méthodes de création exigeantes, tout en sachant que les obstacles seraient nombreux et que le résultat de leur travail aurait peu de chance d’être exposé. Œuvrant durant les années soixante-dix et quatre-vingt, avant que la technologie numérique ne devienne populaire, ils ont mis la barre étonnamment haute pour les artistes qui, au cours des décennies suivantes, auraient accès à des ordinateurs et à des logiciels disponibles dans le commerce. Qu’ils aient réussi à accomplir une aussi grosse somme de travail tout en recevant si peu d’attention de la part des conservateurs et des collectionneurs au cours de ces deux décennies témoigne de leur implication à titre de pionniers dans le domaine des arts médiatiques.

Caroline Langill © 2009 FDL